Deux filles au tapis

19/09/2021 @ 19:30

de Robert Aldrich, 1981, 113'

Cycles : 2021 SOS non merci !

Le cinéaste [Robert Aldrich] ne pourra s’empêcher de convoquer une dernière fois Abraham Polonsky [le réalisateur de L’Enfer de la corruption et de Body and Soul] au moment d’évoquer la genèse de cette histoire de catcheuses, Moly et Iris (Laurene Landon et Vicki Frederick), qui courent le cachet dans les petites salles de l’Illinois et de l’Ohio sous la férule de leur manager, Harry (Peter Falk), un baratineur qui a pris le pli de régler les problèmes insolubles de l’existence à la batte de base-ball, mais qui déclame Clifford Odets au volant de sa vieille Cadillac jaune sale.

Si la corruption, les jeux d’influence et les manipulations de toutes natures gangrènent les plus hautes sphères de l’État (Twilight’s Last Gleaming), de l’armée (Attack!) et de la police (The Choirboys), de la justice (Hustle) et du monde des affaires (The Garment Jungle), du show business (The Big Knife) et du sport (The Longest Yard), personne ne s’étonnera que coups bas et magouilles régissent le petit monde du catch.

Que nous dit le cinéaste ? Que même dans un univers marginal, caricature du « toc » et du « chiqué », au sein duquel compromis et compromissions sont non seulement la règle mais encore ne semblent en rien engager le monde extérieur, on peut arriver au but que l’on s’est fixé en s’imposant un certain respect de soi, un seuil de dignité en deçà duquel on se refusera à descendre. » (William Bourton, Robert Aldrich, Violence et rédemption)

Il s’agit du dernier film d’un très grand cinéaste, et peut-être son meilleur…

On a pensé à ce film pour le cycle « SOS NON MERCI! » dans la mesure où le manager et ses deux catcheuses pourraient représenter le cinéma La Clef Revival et ses occupant.e.s, continuellement sur la brèche depuis 2 ans, et le Groupe SOS. Ce mastodonte de l’ESS se déclinerait ainsi au travers de tous ces lieux où nos trois protagonistes passent et se battent de manière dérisoire mais sublime, et contre l’emprise d’une corruption généralisée, du foncier à l’affectif…